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Wednesday, October 18, 2006

Indesirable en Tanzanie, la majorite des refugies burundais refuse le retour

Une famille de réfugiés burundais quitte son abri, le 15 juin 2006 au camp de Mtabila dans l'Ouest de la Tanzanie

DAR ES-SALAAM (AFP) - 18/10/2006 15h28 - Les 290.000 réfugiés burundais en Tanzanie, dont 10.000 seront accueillis aux Etats-Unis, vivent pour certains depuis 1972 à l'étranger dans le dénuement mais sont réticents à rentrer dans leur pays qui tente de sortir de la guerre, malgré les pressions croissantes de la Tanzanie.

Mardi, les Etats-Unis ont annoncé qu'ils allaient offrir d'ici 2008 un permis de résidence permanente à 10.000 réfugiés burundais en Tanzanie, "à la demande de l'agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et du gouvernement de Tanzanie". Il s'agit de l'un des plus importants groupes de réfugiés jamais accueillis par les Etats-Unis.

Les heureux élus, qui sont parfois nés dans les camps, représentent moins de 3% des réfugiés burundais encore en Tanzanie, pays voisin du Burundi dont l'histoire contemporaine est jalonnée de massacres interethniques.

Les Burundais réfugiés en Tanzanie sont arrivés en deux grandes vagues: en 1972 avec les massacres interethniques qui ont fait des dizaines de milliers de morts (essentiellement des Hutus), et en 1993 avec le début de la guerre civile entre l'armée alors dominée par la minorité tutsie et les rebelles hutus.

La majorité des réfugiés, qui sont des Hutus, ont quitté leur pays alors que le pouvoir était dirigé par les Tutsis. Aujourd'hui, au terme d'élections organisées en 2005, les institutions sont dominées par les Hutus.

Au plus fort de la guerre, environ 800.000 Burundais avaient trouvé refuge en Tanzanie, essentiellement dans des camps, où la première et la plus radicale rébellion hutue, les Forces nationales de libération (FNL), est née.

Depuis, nombre sont rentrés au pays après l'accord de paix d'Arusha (Tanzanie) conclu en 2001 par le gouvernement de l'époque et l'opposition politique.

Mais ils sont encore environ 290.000 en Tanzanie, dont 190.000 dans les camps et 100.000 dans les villes et villages, selon Paul Roselyn du HCR en Tanzanie. Il s'agit de l'un des plus gros contingents de réfugiés dans le monde.

Depuis 2005, le mouvement de retour s'est beaucoup ralenti. Moins de 50.000 réfugiés sur les 150.000 attendus sont rentrés dans leur pays en 2005, et seulement 5.000 au cours des six premiers mois de 2006, en raison de l'insécurité persistante et des conditions de vie difficiles au Burundi, le troisième pays le plus pauvre du monde, selon le HCR.

Mais les autorités tanzaniennes se montrent de plus en plus réticentes à les héberger, alors que la situation se normalise progressivement au Burundi où une seule rébellion, sur les sept au plus fort de la guerre, n'a pas signé d'accord de paix global.

Depuis le début de l'année 2006, la Tanzanie a refoulé vers le Burundi au moins 1.700 réfugiés qualifiés d'irréguliers.

Elle a aussi renforcé les règles imposées aux réfugiés leur interdisant de tenir des commerces et de cultiver des champs à l'extérieur des camps, en raison officiellement d'une augmentation de l'insécurité et des violences que des habitants ont attribuées aux réfugiés.

A ces conditions toujours plus difficiles, il faut encore ajouter la réduction des rations alimentaires du Programme alimentaire mondial (PAM), faute de financement.

Dans ce contexte, le départ vers les Etats-Unis apparaît comme une chance à ne pas rater pour certains.

Les réfugiés arrivés à partir de 1993 ne sont cependant pas éligibles. De fait, certains des partants sont "des enfants ou même des petits-enfants des réfugiés d'origine", a expliqué à l'AFP Steven Corliss, numéro 2 du HCR en Tanzanie.

Un ministre burundais a cependant regretté le départ de ses compatriotes vers les Etats-Unis: "Si on avait été consulté, le gouvernement aurait souhaité qu'ils rentrent au pays pour aider à le reconstruire", a-t-il déclaré à l'AFP sous couvert d'anonymat.

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