IBIHWIHWISWA en RDCongo: Situation sanitaire "cauchemardesque", "apocalyptique" (les mots ne sont pas suffisamment forts)
Un hôpital à Rutshuru, dans la province du Nord-Kivu, en République démocratique du Congo, le 20 juillet 2006
Le défi de la santé en RDCongo: "cauchemardesque", "apocalyptique"
PARIS (AFP) - 06/10/2006 18h06 - "Cauchemardesque", "apocalyptique", "énorme", les intervenants d'un colloque organisé à Paris sur la reconstruction du système de santé en République démocratique du Congo (RDC) n'ont pas trouvé de mots assez forts pour décrire l'ampleur du défi.
"Les Congolais vivent l'une des plus graves crises humanitaires de tous les temps", résume Loïc Aubry, conseiller de International Rescue Committee. Cette ONG a publié une étude, selon laquelle 85% des quelque 4 millions de morts recensés entre 1998 et 2004 sont dus "à des maladies curables et à la malnutrition".
Dans un pays déchiré par deux guerres successives (1996-1997 et 1998-2003), où des combats font encore rage dans certaines provinces, "la première cause de décès reste le manque d'accès aux soins", a-t-il souligné lors de cette réunion organisée par Médecins du Monde.
"Faire des kilomètres à pied pour être examiné dans un lieu insalubre par du personnel non formé pour obtenir une ordonnance pour des médicaments qu'on ne peut de toute façon avoir reste la réalité sanitaire des Congolais", martèle-t-il.
Le système de santé s'est écroulé au fil des années de mauvaise gouvernance et des conflits armés marqués par le "désengagement de l'Etat du secteur de la santé", explique Hippolyte Kalambay, chargé de la direction d'études de planification au ministère de la Santé de RDC.
"La multiplication des structures parallèles pour répondre aux exigences des bailleurs pendant la guerre, la commercialisation et la déshumanisation des soins pratiqués au coin de la rue par des infirmiers pléthoriques et mal formés dans des stratégies de survie face à l'absence d'emploi", sont autant de problèmes majeurs, ajoute-t-il.
Depuis 1998, tous les indicateurs de santé ont viré au rouge avec notamment une mortalité infantile de 205 pour 1.000 naissances.
Le docteur Denis Mukwege, gynécologue à l'hôpital de Panzi (Bukavu, sud-Kivu, est) insiste sur la réticence de ses confrères à s'installer en milieu rural qui compte en moyenne un médecin pour 56.000 habitants, alors que les normes de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sont de 1 pour 10.000. Quelque 50% des médecins exercent à Kinshasa et beaucoup rêvent de partir à l'étranger, déplore-t-il, réclamant un "réflexe citoyen".
La stratégie de réforme et de reconstruction du ministère de la santé, saluée par les bailleurs de fonds internationaux, prévoit un coût de 3 dollars US par habitant et par an alors que la Banque Mondiale recommande 15 à 26 dollars.
"On ne peut pas faire grand chose de valable avec cette somme", reconnaît Philippe Maughan, chef de secteur Afrique centrale pour ECHO (service d'aide humanitaire de la Commission européenne), déplorant qu'une partie des soins soit payante et inaccessible à l'écrasante majorité des Congolais (70% survit avec moins de 1 dollar par jour).
Le politologue Michel Galy a, de son côté, dénoncé "l'action standardisée de la communauté internationale en situation de post-conflit", qui plaque des projets sans consultation des acteurs locaux.
Un message que le ministère de la santé congolais a fait passer aux bailleurs, réclamant par la voix de M. Kalambay qu'ils s'impliquent "dans une stratégie définie par les Congolais" et fassent preuve de "flexibilité".
Signe que la paix n'est pas nécessairement pour demain en RDC, des partisans de Jean-Pierre Bemba, arrivé second au premier tour de la présidentielle, ont eu des échanges musclés en marge de la réunion avec des partisans du président sortant Joseph Kabila, qu'ils ont notamment qualifié de "génocidaire".
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