Mariage de Corneille Nyungura
L'actualité : Corneille n'est plus seul au monde.
Paris Match Magazine: 2991 du 14/9/2006
Le 9 septembre, après la cérémonie, Corneille porte son épouse jusqu’à la cabane ultraconfortable dans laquelle ils passeront leur nuit de noces. Photo : Jean-Claude Deutsch.
Le 9 septembre, après la cérémonie, Corneille porte son épouse jusqu’à la cabane ultraconfortable dans laquelle ils passeront leur nuit de noces. Photo : Jean-Claude Deutsch.
Il y a douze ans, au Rwanda, le chanteur a assisté au massacre de toute sa famille. Ce week-end, au Québec, il a dit oui à Sofia. Pour clouer le bec au malheur.
Trois mois après l’avoir rencontrée, il écrit pour elle « A vie », l’un des titres phares de son dernier album « Les marchands de rêves » (Wagram). Aujourd’hui, il l’épouse. « A la culpabilité de survivre, je préfère la responsabilité de celui qui n’est pas mort », affirme-t-il. Avec Sofia, Corneille veut créer de nouvelles racines. Elle est québécoise, elle a 28 ans, elle est comédienne et mannequin. La cérémonie s’est déroulée à l’hôtel Quintessence, à Mont-Tremblant, en plein cœur des Laurentides, très loin du showbiz. C’est devant une soixantaine de proches qu’ils se sont dit oui. Puis, après le cocktail et le dîner, les amoureux se sont déchaînés jusqu’à 5 heures du matin sur la piste du Wine Bar, transformé pour l’occasion en discothèque. Tard dans la nuit, ils se sont discrètement éclipsés pour regagner la cabane Clagett, une petite maison traditionnelle de bois construite à l’écart du palace.
Comme lui, Sofia est multiracines. De père portugais et de mère québécoise, elle parle trois langues. Et lui quatre. Ils sont sûrs de se comprendre.Sur le lac Tremblant, les mariés vont embarquer pour une promenade en bateau. A vie, c’est de sang qu’on s’aimera/A vie rien de moins je promets ça/La vie, c’est le temps qu’on restera… » Trois mois après leur rencontre en 2005, Corneille est inspiré. Jamais auparavant il n’a écrit ces mots-là pour une femme. La déclaration d’amour qui figure en bonne place sur son deuxième album « Les marchands de rêves » est dédiée à Sofia, la femme qu’il aime et qu’il vient d’épouser le week-end dernier.
Avant elle, aucune n’a pu prétendre à un tel aveu. Public. Des copines, il en a eu… beaucoup. Certaines ont partagé sa vie, mais l’envie de fonder une famille n’y était pas. Avec Sofia, c’est une évidence. Ils ne sont qu’un. Mannequin et comédienne, la jeune femme belle et racée a du caractère. Mais il y a plus que cela en elle. « Un coup de foudre dont l’éclair ne s’éteint pas, enrubanné d’un lien très fort qui les lie désormais. »
Chacun s’est reconnu en l’autre. Leur chemin s’était croisé sur le tournage du clip du premier album « Parce qu’on vient de loin », en 2003. Succès phénoménal. A l’époque, Corneille ne remarque pas Sofia et elle ne le voit pas. Le chanteur est en pleine ascension professionnelle et le cœur de Sofia est pris. Deux ans plus tard, avec un ami commun, ils se retrouvent pour un verre dans le centre de Montréal, maintenant libres de toute attache amoureuse. La conversation se poursuit, au téléphone. Les heures défilent jusqu’au petit matin. Ils se découvrent. Comme lui, Sofia est « multiracines ». De père portugais et de mère québécoise, elle a beaucoup voyagé, a vécu en Amérique du Sud et ailleurs. Elle parle trois langues, lui quatre. Ils sont sûrs de se comprendre. Mais plus que tout, « l’identité de Sofia est aussi dispersée que la mienne », dit-il, et cela lui paraît « rafraîchissant ». Lui, Cornelius Nyungura, de père tutsi et de mère hutu, a vu le jour à Fribourg en 1977, a passé son adolescence au Rwanda, jusqu’à ce 6 avril 1994 où, à Kigali, toute sa famille est massacrée. Dans la maison de l’épouvante, caché derrière un canapé, il est épargné. « A la culpabilité du survivant, je préfère la responsabilité de celui qui n’est pas mort », lâche-t-il en évoquant son « petit malheur ».
Pour revenir de cet enfer, il faut beaucoup d’amour. Sofia lui en donne au-delà de ce qu’il imagine. Il la surnomme « Crazy », mais il est aussi fou d’elle qu’elle l’est de lui. Chaque jour, ils découvrent une raison nouvelle de vivre ensemble. Ambassadeur de l’Unicef*, il milite avec elle à ses côtés dans la lutte contre le sida. L’humanitaire fait partie de leurs priorités. Avec Sofia, le résilient « a pris goût à la vie » et onze ans après le drame, « elle lui a permis de faire le deuil de sa famille ». Le 30 octobre 2005, jour de l’anniversaire de Sofia, il se décide à demander sa main à son père. Toute la famille est là. M. de Medeiros est un homme qui en impose. Corneille, pourtant sûr de son cœur, n’en mène pas large. Pour se donner du courage, il pense à son père Emile qui en son temps avait fait une démarche similaire pour pouvoir épouser Pascasie, sa mère.
Dans la famille Nyungura on est attaché aux traditions ! « A un moment, il a bien fallu plonger. » A l’écart, les deux hommes se retrouvent en tête à tête. « Je connais bien ta fille. Je l’aime profondément. Aujourd’hui à 28 ans, je viens te demander sa main. » Honoré, Armando de Medeiros est touché par les bonnes manières de son futur gendre. La requête est entendue. Une accolade lui signifie que désormais il fait partie de la famille. La même soirée, chez lui à Montréal, alors qu’il est agenouillé devant elle, Sofia lui dit qu’elle est prête à échanger son nom contre le sien. Ses yeux brillent du même éclat que le carat qu’il passe à son doigt. Les vacances de Noël en Caroline du Sud sont pour l’heureux homme qu’est devenu Corneille l’occasion de présenter l’élue de son cœur à ses parents adoptifs. Jean-Pol Delhougne, qui, avec Marianne, lui a ouvert après le drame sa porte, alors en Allemagne, donne son consentement. A l’évidence pour lui, ce n’est pas un conte de fées mais une véritable histoire d’amour. L’union a donc lieu le 9 septembre 2006 au Québec. Quand Sofia apparaît au bras de son père, Corneille le zen reste médusé…Presque une année sera nécessaire pour fixer les préparatifs de la cérémonie. Les futurs mariés ont peu d’exigences, mais un seul mot d’ordre : « Simplicité ». Loin des médias. Pour l’occasion, une « wedding planner » est recrutée. Suzanne Colello, reconnue pour son organisation infaillible à orchestrer les plus beaux événements de Montréal, règle chaque détail avec une minutie digne d’un coucou suisse. Elle a de sérieuses références. Céline Dion lui a confié sa « party » pour son trentième anniversaire. C’est dire… En France, depuis quelques mois, la rumeur du mariage n’était évoquée que par de vagues échos. Pour cause : Suzanne verrouille. Le mariage se fera en toute intimité, sans tralala. Les familles, les amis. Point. Talha Rhetassi, l’ami d’école du marié, son frère de cœur venu de Cologne, sera son garçon d’honneur. Au total, juste une soixantaine de convives. Mais ni showbiz, ni V.i.p. Pas de Garou ni de Natacha St-Pier, ni même Bernadette Chirac, pourtant fan de la première heure, qu’il respecte infiniment, ni encore Claire Chazal qu’il connaît un peu, ne recevront l’élégant bristol brun et bleu frappé des initiales S.M./C.N. A Paris, la maison de disques du chanteur n’est informée de l’événement que tout récemment. L’idée est de fuir les paparazzi.
L'amour et les paysages des Laurentides sont pour Corneille une nouvelle source d'inspiration.
A 130 kilomètres au nord-est de Montréal, au cœur des Laurentides, la station de Mont-Tremblant séduit les tourtereaux. En fin d’été, « les paysages de Tremblant se transforment en une toile impressionnante, tandis que les montagnes et les forêts revêtent leurs plus beaux atours », selon les panneaux touristiques plantés aux abords des innombrables golfs environnants. En ce samedi 9 septembre, au bord du lac, l’hôtel Quintessence, cinq étoiles grand luxe, est en effervescence. Les 30 suites de 200 à 300 mètres carrés sont exclusivement réquisitionnées pour les invités du couple. A l’extérieur, discrète mais efficace, la sécurité veille à ce qu’aucun indésirable ne s’infiltre. La presse nationale n’est pas conviée. Yves, « l’artiste floral », s’affaire. L’hôtel se transforme en une serre odorante. Le parfum des roses et des lys de Casablanca se répand dans tous les étages. Comme par magie, dans chaque recoin de l’établissement, c’est une explosion d’orchidées, de dahlias multicolores, de giroflées et d’espèces rares savamment composées. Le Wine Bar se métamorphose en boîte de nuit. Arrivés la veille, les fiancés sont séparés jusqu’au grand jour. Corneille, sage, passe sa dernière soirée de célibataire au restaurant La Forge avec Talha, Jean-Pol et Marianne. Au menu, caribou au vinaigre de figue, l’incontournable spécialité de la station. Pour les dernières heures de sa vie de jeune fille, Sofia opte pour une soirée-copines avec sa sœur Viana et Kim, son amie d’enfance. Au programme : massages, soins de beauté et papotages. La cérémonie est prévue pour 16 heures, à l’extérieur, sur les bords du lac. Le ciel est nuageux et le fond de l’air plus que frais. Enfoui sous les bougainvilliers et des centaines de roses maritimes mauves, un mini-chapiteau à l’allure d’autel est dressé sur la pelouse. C’est là que le célébrant, Michel Boulanger, officiera. Pas de cérémonie religieuse, mais un mariage civil reconnu par le ministère de la Justice du Québec. José et Cesaltina, grands-parents de la mariée, arrivent les premiers. Jean-Pol et Marianne suivent, rejoints par Josée, la mère de Sofia que l’on pourrait prendre pour sa sœur tant la ressemblance est saisissante. Derrière eux, un à un, les invités prennent place. Le soleil fait son apparition. Un quatuor de violonistes attaque Pachelbel, incontournable au répertoire des harmonies célestes. Aminci, les cheveux raccourcis et la barbe naissante, le futur marié en smoking Saint Laurent arrive escorté de son témoin. Sofia se fait attendre. 16 h 15, plus loin à travers les érables, une gracile silhouette se dessine. Au bras de son père, perchée sur ses sandales Versace, elle s’avance vers lui. Sa robe bustier ivoire signée Vera Wang et son voile de dentelle finement ciselé lui confèrent l’apparence d’une éblouissante madone. Aucune faute de goût ni pour sa tenue ni pour son ravissant bouquet composé de roses Akito blanches, Candela couleur pêche, de roses grappes de Cassandre et de feuilles de magnolia. Corneille, jusqu’alors serein et zen, reste médusé par la beauté de sa future épouse. Il réalise enfin ! Le soleil est toujours de la partie. Les filles laissent tomber étoles et pashminas. Sofia chuchote à l’oreille de son fiancé. Est-ce pour le prévenir qu’elle ne pourra réprimer ses larmes… Prévenante, Josée tend un mouchoir. L’un après l’autre les jeunes gens répètent les paroles rituelles du célébrant : « Sofia, je veux vivre avec toi telle que tu es. Je promets de te chérir jusqu’à la fin de mes jours. » « Corneille, je t’ai choisi entre tous pour partager ma vie avec toi. » Le vent se lève, la dentelle vole. Vient le temps de l’échange des alliances qu’ils ont voulues en or jaune, toutes simples, à leur image. 16 h 32, les voici mari et femme, « le plus beau et le plus récent couple du Québec », selon le célébrant. Sous les applaudissements et, bien sûr, la marche nuptiale de Mendelssohn, M. et Mme Nyungura embarquent leurs invités pour un tour du lac en bateau. Au retour, de bonne grâce et dans la bonne humeur, le joli couple se livre à la séance de photos. Corneille connaît la musique et Sofia maîtrise parfaitement la caméra. On l’a déjà aperçue dans le film de Denys Arcand « Les invasions barbares ». Son regard, sa main, son sourire, son port de tête sont parfaitement posés. Elle lui donne un « bec ». Il est aux anges. D’un coup de pinceau, le maquilleur fait une retouche et replace une mèche. Ces deux-là sont deux gravures de mode ! Dans le lobby de l’hôtel, un cocktail attend les invités frigorifiés. Gage, le chanteur ami intime de Corneille, débarque avec sa copine. L’autoroute « congestionnée » depuis Montréal est fautive. Peu importe, il est là pour le dîner. Au centre du restaurant, les mariés président une dizaine de tables fleuries. Le nappage bleu et les serviettes brun foncé cerclées de raphia vert et turquoise sont la touche moderne et design. Au menu, un torchon de foie gras et gelée au cidre de pomme précédera une soupe à la courge musquée. Suivra une poêlée de thon aux poivres. Puis, au choix, chevreuil ou bar de mer, et pour terminer le traditionnel gâteau des mariés dont la mini-réplique en pâtisserie sera offerte au départ des invités. L’histoire ne dit pas à quelle heure les jeunes mariés ont regagné leur maison de poupée nichée à une centaine de mètres dans la verdure. Enfin ! Elle ne révélera pas non plus vers quels cieux paradisiaques ils se sont envolés. Une chose est certaine. Plus jamais Corneille ne pourra entonner sur scène le refrain qui l’a fait connaître des Français « Je suis seul au monde/Y a rien à faire, je suis seul au monde ». Désormais il est deux !
Paris Match - 14 sep 2006... et, bien sûr, la marche nuptiale de Mendelssohn, M. et Mme Nyungura embarquent leurs ... Corneille connaît la musique et Sofia maîtrise parfaitement la caméra. ...
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