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Sunday, September 17, 2006

IBIHWIHWISWA Arusha: Genocide: le Rwanda et le TPIR au bord d'une nouvelle crise ouverte


KIGALI (AFP) - 16/09/2006 09h03 - Le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) et le gouvernement rwandais sont engagés depuis deux semaines dans une épreuve de force qui risque de dégénérer, comme en 2001, en une paralysie de l'activité du tribunal chargé de juger les responsables du génocide de 1994.

La semaine dernière, Kigali a menacé de suspendre les déplacements de témoins à destination du tribunal, installé à Arusha (Tanzanie), si ce dernier ne résiliait pas le contrat d'un avocat rwandais de la défense, Callixte Gakwaya, accusé par la justice de son pays d'avoir joué un rôle dans le génocide.

"C'est une des plus graves crises entre le tribunal et le Rwanda. Mais il est difficile d'en connaître les tenants et les aboutissants. Même si Gakwaya était réellement coupable, son dossier ne devrait pas faire obstacle à tant d'autres dossiers au TPIR", estime l'Américaine Alison Des Forges, militante des droits de l'Homme et spécialiste du Rwanda.

Réuni mercredi en conseil des ministres, le gouvernement rwandais a promis une "décision finale et sans appel dans les prochains jours". "Ils ne peuvent continuer à abriter des génocidaires", a déclaré à l'AFP le ministre rwandais de la justice, Martin Ngoga.

L'avocat a été arrêté le 1er septembre par la police tanzanienne à Arusha puis relâché quatre jours plus tard.
Lors de sa réunion, l'exécutif rwandais a réitéré sa position, selon laquelle "Gakwaya été libéré à la demande du TPIR qui l'emploie" et "a blamé le comportement" du tribunal.

Pour le porte-parole du TPIR, Everard O'Donnell, "tout refus de coopérer avec le TPIR est un refus de coopérer avec le Conseil de sécurité des Nations unies". Le magistrat britannique n'a pas exclu de porter l'affaire devant le Conseil de sécurité, en cas de refus de coopération de Kigali.

Me Gakwaya, réfugié au Mozambique, fait partie de 12 Rwandais travaillant dans des équipes de défense au TPIR et mis en cause par Kigali pour leur implication présumée dans les massacres de 1994.

L'avocat, promu il y a quelques mois conseil principal rwandais du chef milicien Yussuf Munyakazi, est le plus gradé de ce groupe, les autres étant assistants juridiques ou enquêteurs.

Me Gakwaya doit sa promotion au fait que son client, qui ne parle ni le français, ni l'anglais, avait souhaité avoir un avocat comprenant sa langue, le kinyarwanda.

Pour Mandiaye Niang, conseiller spécial du greffier en chef Adama Dieng, la suspension des déplacements de témoins nuirait surtout au procureur. La plupart des témoins de l'accusation viennent en effet du Rwanda alors que ceux de la défense vivent essentiellement en exil.

"Ce serait priver le procureur des moyens de sa thèse. Ce serait quelque chose d'inacceptable par rapport aux objectifs que le communauté internationale a assignés à ce tribunal", estime le juriste sénégalais.

La défense ne voit pas les choses de la cette façon. "Aucun membre du bureau du procureur ne figure sur une liste noire. C'est finalement la défense qui est prise en otage: lorsqu'un Rwandais contribue à la défense (...) il est indexé par Kigali", estime le Français Frédéric Weyl, l'un des avocats de Mathieu Ngirumpatse, l'ancien président de l'ex-parti présidentiel.

En 2001, les autorités rwandaises avaient suspendu pendant plusieurs semaines les déplacements de témoins au TPIR après que le procureur en chef de l'époque, la Suissesse Carla Del Ponte, eut annoncé l'ouverture d'enquêtes sur des crimes commis en 1994 par des éléments de l'ex-rébellion du Front patriotique rwandais (FPR) actuellement au pouvoir.

Depuis le départ de Mme Del Ponte en 2003, les relations s'étaient remarquablement améliorées entre le TPIR et Kigali, d'autant qu'aucune enquête n'a visé les ex-rebelles.

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