Genocide rwandais: le TPIR acquitte Andre Rwamakuba un ex-ministre du gouvernement
ARUSHA (AFP) - 20/09/2006 14h57 - Le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) d'Arusha (Tanzanie), chargé de juger les principaux responsables présumés du génocide rwandais de 1994, a acquitté mercredi l'ex-ministre de l'Enseignement primaire et secondaire, André Rwamakuba.
"La chambre déclare à l'unanimité André Rwamakuba non coupable de tous les chefs de l'accusation et en conséquence, l'acquitte", a indiqué le juge président Dennis Byron, ajoutant: "la chambre ordonne sa mise en liberté immédiate".
Médecin de formation, M. Rwamakuba, 56 ans, ministre dans le gouvernement intérimaire en place pendant le génocide de 1994, répondait de génocide, complicité de génocide, extermination et assassinats.
Il était accusé d'avoir ordonné des massacres de Tutsis en 1994 dans sa commune natale de Gikomero, près de la capitale, et à l'hôpital universitaire de Butare (sud). Il lui était notamment reproché d'avoir, dans ce centre hospitalier, tué à la hache une femme tutsie et arraché les perfusions d'autres malades tutsis.
L'accusation avait requis la prison à vie. La défense avait plaidé l'acquittement. L'accusé, qui a boycotté son procès, n'était pas présent dans la salle pour le verdict.
A l'annonce du verdict, son avocat, le Britannique, David Hooper, est allé le chercher dans sa cellule.
Très ému après sept ans de détention, M. Rwamakuba s'est dit "ravi. Je n'ai pas de termes pour exprimer ce que je ressens à cet instant", a-t-il déclaré après avoir déjeuné avec son avocat dans un restaurant d'Arusha, ville tanzanienne où siège le TPIR.
Il a ensuite remercié les témoins de la défense, en particulier ceux venus du Rwanda. "C'est un signe que les gens peuvent venir dire la vérité sans peur. C'est un signe que les Rwandais peuvent vivre ensemble en paix", selon lui.
L'ex-ministre a également déclaré pardonner à "ceux qui ont inventé de fausses accusations" contre lui. "Je leur demande de cesser d'inventer des mensonges: ce sont ces délateurs qui constituent un obstacle à la réconciliation".
La chambre a relevé "des imprécisions, des incohérences et des contradictions" dans les dépositions des témoins à charge, selon le jugement. "Le procureur ne s'est pas acquitté de la charge de la preuve qui lui incombait", a commenté le juge Byron.
Il a ajouté, et c'est une première dans l'histoire du tribunal, que l'acquitté "aura la faculté de déposer une requête pour obtenir une réparation appropriée" pour violations de ses droits.
Le juge a notamment relevé que M. Rwamakuba était resté sans avocat pendant les premiers mois de sa détention.
Contrairement aux autres acquittés qui excluent toute possibilité de retourner au Rwanda tant que l'actuel régime est en place, M. Rwamakuba a dit envisager, mais pas dans l'immédiat, de rentrer à Kigali. Entretemps, le greffe du TPIR doit lui chercher un pays d'accueil.
Le TPIR a pour mandat de rechercher et juger les principaux responsables présumés du génocide de 1994 qui a fait, selon l'Onu, près de 800.000 tués, essentiellement des membres de l'ethnie tutsie.
Avec ce jugement, le TPIR a prononcé 26 condamnations et 5 acquittements.
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